Rencontre avec un homme passionné et engagé
A 55 ans, Jean François CHAPELLE n'a pas hésité, malgré la crise, à investir dans une nouvelle cuverie afin de se donner les moyens de regarder vers l'avenir. Fier de ses origines, étranger au sérail des fils de famille bourguignonne, il est passionné par son métier et milite depuis de nombreuses années pour une viticulture respectueuse de nos territoires et des hommes qui y vivent.
Comment s'est passé votre retour sur le domaine familial ?
"J'avais trente ans passés quand je suis revenu au domaine familial en 1987. Diplômé Sup de Co, j'ai eu la responsabilité pendant cinq ans d'une direction commerciale en Champagne, avant de devenir Directeur Général d'un grand négoce de la vallée du Rhône. Ces premières expériences professionnelles, dans de grandes régions viticoles françaises, m'ont permis d'acquérir peu à peu la conviction que l'Appellation d'Origine Contrôlée, au-delà du fait économique, exprime une réalité géologique et sociologique, dont le vigneron est dépositaire. J'ai renforcé cette conviction par ma formation viticole au CFPPA de Beaune ou au travers de différents stages au sein du Groupement des Jeunes Professionnels de la Vigne. C'est dans ces lieux que j'ai rencontré des vignerons déjà impliqués en bio et côtoyé des chercheurs suisses qui travaillaient sur les typhlodromes. Toutes ces pratiques étaient alors perçues comme marginales par la viticulture bourguignonne dominante, mais elles m'ont permis de me poser les premières questions sur les méthodes culturales traditionnelles pratiquées par mon père.
Puis il y a eu la goutte d'eau qui a fait déborder le vase ! En Aout 2002, pendant plusieurs semaines, les habitants et les touristes en vacances à SANTENAY ont eu interdiction de boire l'eau du robinet, en raison d'une pollution aux résidus de désherbants. Croyez-moi, ce n'est vraiment pas agréable de se faire traiter de pollueur alors que depuis près de 10 ans vous avez une pratique culturale différente de vos collègues. C'est à partir de cet évènement que nous avons décidé de prendre le chemin de la Certification Bio afin que les efforts faits par toute notre équipe puissent être visibles au grand jour".
Avec cette récolte 2009, votre domaine vient d'obtenir la certification AB. Quel regard portez-vous sur la viticulture biologique ?
"Je suis arrivé progressivement à la culture biologique en réfléchissant à la qualité de mes sols, et je suis arrivé à la labellisation, suite au manque de lisibilité des politiques en viticulture d'AOC. Je suis un militant acharné d'une viticulture qui redevienne paysanne pour respecter les territoires qu'elle occupe, les hommes et les femmes qui y vivent et les consommateurs à la recherche de plaisirs et de sensations vraies.
Alors que l'Appellation d'Origine Contrôlée repose sur une volonté commune, le risque est grand de voir disparaître cette géniale création de nos grands pères sous le poids de l'individualisme ambiant. Voilà pourquoi, au-delà de mes pratiques culturales, j'ai toujours eu un engagement syndical professionnel qui aujourd'hui se concrétise par mes responsabilités au sein de la Confédération paysanne. Nous y défendons une viticulture qui remet l'homme au centre de ses préoccupations, considérant à la fois les intérêts du Paysan Viticulteur et ceux du Consommateur Citoyen".
Billet d'humeur
- Gel sur la Bourgogne
mai 2016 - Un nouvel intru dans nos vignes : La Flavescence Dorée
février 2014 - Rencontre avec un homme passionné et engagé
décembre 2009 - Qu'avons-nous fait de nos A.O.C ?
août 2008